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Un instant d'éternité. Lettres 1914-1915 de Danielle Bellini
et aux éditions
pour ce partenariat !
Auteur > Danielle Bellini
Editeur > Riveneuve
Genre > historique, théâtre épistolaire
Date de parution > 2014
Nombre de pages > 57
Danielle Bellini accompagne et dirige des projets culturels et artistiques en région parisienne. Docteur en sociologie et maître de conférence à l’Université Paris 7 Diderot, elle est présidente de l’association des Souffleurs, commandos poétiques. Elle a participé à plusieurs ouvrages sur l’art dans l’espace public.Mirabelle et Gustave, deux jeunes gens plongés dans le chaos de la Première Guerre mondiale comme des milliers d’autres, s’écrivent de l’arrière et du front. A chaque fois qu’ils s’apprêtent à décacheter l’enveloppe d’une nouvelle lettre qui leur parvient, ils connaissent cet instant d’éternité, ce moment en suspension, où tout semble possible. Inspiré de véritables correspondances entre des soldats et leurs élues, ce théâtre épistolaire plonge dans l’intimité et le secret d’un couple séparé par l’Histoire pleine de bruits et de fureur jusqu’à l’emblématique dernière lettre. Une tension admirablement rendue par une écriture touchante et une mise en scène signée Philippe Person.
"Je vous écris ce courrier dans la tourmente de notre relation naissante."
Quand j'ai postulé pour ce titre lors de la Masse critique de Babelio en janvier, je ne m'attendais pas du tout à lire une pièce de théâtre. Je dois avouer que j'ai été un peu décontenancée au début, puis finalement, je me suis prise à cet échange épistolaire.
Or donc, Gustave et Mirabelle s'écrivent en secret peu avant la déclaration de guerre. Ils sont amoureux mais leur amour n'a pas l'aval du père de la jeune fille.
Puis, la guerre éclate, Gustave doit quitter son Auvergne pour rejoindre la Somme. Ils continuent à s'écrire, et leurs lettres mettent parfois plusieurs semaines avant d'arriver à destination, accroissant l'inquiétude de la jeune fille.Si j'étais un peu dubitative sur le début de cet échange épistolaire, je me suis de plus en plus passionnée au fur et à mesure de ma lecture. Les lettres de Gustave, surtout, étaient poignantes, quand il fait part à son amoureuse des souffrances qu'il endure dans les tranchées, de l'espoir que constitue les lettres de la jeune fille, de l'attente fébrile du courrier et des colis qui viennent adoucir leurs privations. Mais à l'arrière aussi, on souffre, les hommes sont partis à la guerre, on manque de bras dans les champs ou dans les ateliers, les approvisionnements sont rares.
Et le lecteur tremble avec Mirabelle de recevoir de mauvaises nouvelles.
A la fin, nous apprenons que ces lettres ont réellement été écrites. Originalité : une enveloppe contenant une dernière lettre est collée en fin d'ouvrage et nous révèle le secret abordé succinctement lors cet échange, ce qui donne une tournure tout à fait étonnante à cette expérience (lors de du spectacle, l'enveloppe est distribuée aux spectateurs), d'autant que je m'attendais à une autre révélation...
Pour conclure, une lecture agréable et touchante sur cet épisode douloureux de notre Histoire, ayant malheureusement passé trop vite. Je serais en tout curieuse de voir ce que cela donne sur les planches, mais je n'ai aucune information sur une éventuelle représentation...
Je remercie Babelio et Riveneuve éditions pour ce partenariat !
Appréciation :
”Me voilà de nouveau sur le front de cette horrible guerre. Nous venons de traverser Reims au pas cadencé, l'arme sur l'épaule. Digne. Il nous faut donner à la population les signes d'une troupe organisée. Une foule, sur le bord de la route, nous salue, certains nous accompagnent sur quelques pas, nous donnent du pain, des fleurs.
C'est là que j'aperçus les yeux de deux enfants : cherchaient-ils leur père ? Leur frère ? Deux enfants, tristes, fragiles, se tenant par la main. A voir leur regard brillant, admiratif, j'ai compris que peut-être ils nous trouvaient beaux... et grands.
Ils ne savent pas où nous allons. Nous allons là où l'on meurt, où l'on est broyé, consumé, défiguré... et nous y allons au pas, au rythme du battement de leur petit cœur qui bat... pour nous.
Ils ne savent pas que nous portons dans nos cartouchières la mort, que nous sommes une bête effroyable pareille à celle qui pourrait les broyer, sans les voir, sans entendre leurs cris ni leurs plaintes. Leur admiration m'est une vague d'effroi.
(Lettre de Gustave du 5 mai 1915)« [Top Ten Tuesday] Les 10 livres que vous n'avez pas réussi à poser une fois commencés (17)Edith, reine des Saxons de Regine Sondermann »
Tags : un instant d'éternité lettres 1914-1915, danielle bellini, littérature française, XXIème siècle, guerre, théâtre, épistolaire, historique, partenariat, babelio
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Commentaires
@Sylly,
En fait, Gustave ne fait qu'effleurer ces moments douloureux dans ces lettres (sûrement pour épargner une trop grande peine à son amoureuse) mais d'une part, ces mots, même pudiques sont très évocateurs, d'autre part, en ce moemnt passent beaucoup de documentaires sur la 1ère GM et ses horreurs et l'on ne peut s'empêcher d'y penser en lisant les passages de Gustave qui y font référence...
bisousTa chronique me donne vraiment envie de le lire, ce doit être très beau en effet même si ce ne doit pas être particulièrement joyeux. J'aime beaucoup le principe de l'échange épistolaire mais c'est vrai que le format ''pièce de théâtre'' peut laisser dubitative. Je prends note merci Parthie ^^C'est vrai que c'est très triste... Tous ces jeunes gens morts dans des conditions horribles, si loin de chez eux et des gens qui les aiment...
Comme toi, je me demande comment la pièce est jouée !
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Je dois avouer que les livres en général qui ont pour toile de fond l'une des deux guerres mondiales, je les évite, je sais pourtant que beaucoup doivent être beaux et passionnants. il faudrait que je lutte un peu contre mon rejet ^^
D'autant plus que pour le coup tu m'as intrigué avec cette lettre finale ^^
Mais j'imagine que la lecture a du parfois être éprouvante, ressentir au travers du témoignage direct d'une correspondance intime, toute la frayeur et la douleur de la guerre pour celui qui y est et celui qui attend l'autre ....
En tout cas, je note ce titre malgré tout :)
Bisous