-
Aristote, mon père d'Annabel Lyon - Aristote, tome 2
Merci à
et aux éditions
pour ce partenariat !
Auteur > Annabel Lyon
Editeur > La Table ronde
Collection > Quai Voltaire
Genre > Roman historique
Date de parution > 2012 pour la version originale, 2014 pour la présente édition
Titre original > The Sweet Girl
Format > PDF
Poids du fichier > 1,90 Mo (278 pages)
Traduction > de l'anglais par David Fauquemberg
(source : éditions alto)
Née à Brampton en Ontario, Annabel Lyon a fait des études de musique, de philosophie et de droit avant de publier deux recueils de nouvelles, Oxygen et The Best Thing for You, qui ont connu un grand succès au Canada. Paru dans plus d’une quinzaine de pays, Le juste milieu (The Golden Mean), son premier roman, a remporté le prix Rogers Writers’ Trust et a été finaliste au prix Scotiabank Giller et au Prix littéraire du Gouverneur général. Elle vit en Colombie- Britannique avec son mari et ses deux enfants.
Annabel Lyon travaille actuellement sur une suite.Pythias, la fille d'Aristote, a été élevée à l'égal des hommes. Elle fait figure d'exception à Athènes, puis en Macédoine où elle est contrainte de s'exiler : c'est elle, et non son frère cadet, qui assiste Aristote dans ses travaux, provoque les collègues de son père par ses remarques pointues, et se rêve en philosophe, scientifique ou sage-femme. La mort d'Aristote disperse ses biens et sa famille à travers la Macédoine, laissant Phytias seule, en décalage avec cette société qui nie l'existence d'une conscience féminine, et l'oblige à se confronter à la réalité d'un monde dont elle s'était toujours tenue écartée.
Après Le Juste Milieu, qui évoquait la relation entre le jeune Alexandre le Grand et son précepteur Aristote, Annabel Lyon renouvelle le défi ambitieux d'écrire l'Antiquité d'une plume actuelle et spontanée. Aristote, mon père exhale le soufre des temples, le sang des femmes et les larmes de la tragédie."La première fois que je demande à emporter un couteau au temple, papa me répond que je n’en ai pas le droit, car nous sommes macédoniens."
Tout d'abord, je remercie Livraddict et les éditions La Table Ronde pour ce partenariat ! J'avais déjà eu la chance de participer à celui concernant le premier tome Le juste milieu l'année dernière, je suis donc ravie d'avoir eu l'opportunité de lire la suite en avant-première (Aristote, mon père devant paraître le 28 août) !
Or donc, nous retrouvons dans ce livre quelques personnages du roman précédent : Aristote, bien sûr, mais également sa concubine Herpyllis ainsi que Pythias, la fille que le philosophe a eu de sa 1ère femme, et qui est le personnage central de l'histoire.
Femme grecque © Sir Lawrence Alma-TademaApparemment, l'auteure s'est inspirée d'un passage du testament d'Aristote pour imaginer une partie de son intrigue : "Lorsque ma fille aura l’âge requis, on la donnera en mariage à Nicanor ; mais s’il lui arrive malheur (ce qu’aux dieux ne plaise, et qui n’arrivera pas) avant son mariage, ou une fois qu’elle sera mariée mais sans qu’il y ait eu d’enfants, Nicanor aura tout pouvoir, tant par rapport à l’enfant que par rapport à tout le reste, et en disposera d’une manière digne à la fois de lui-même et de nous."
Mais pour l'instant, nous n'en sommes pas là. Pour l'instant, Pythias a 7 ans, et elle vit avec sa famille à Athènes où son père a fondé sa fameuse école le Lycée pour y transmettre son savoir. En dehors du Lycée, il a trouvé un élève curieux et assidu en la personne de sa fille, qui contrairement à Nicomaque, son demi-frère, se passionne pour son enseignement, ce qui fera dire au philosophe qu'il aurait préféré qu'elle soit un garçon (gageons qu'à l'époque, cette remarque était un sacré compliment !^^).
Faisant fi des usages, Aristote la laisse assister au symposium (banquet normalement réservé aux hommes, auquel seules les esclaves ou les courtisanes peuvent assister) qu'il donne chez lui avec les grands esprits de l'époque ; les invités ne manquent pas de remarquer la singularité de cette adolescente vive et intelligente, et de souligner d'une phrase aussi désespérante que clairvoyante sa future vie de femme savante : «... tu es condamnée à la solitude» (page 28) ; en effet, contrainte, une fois mariée, à ne fréquenter que des femmes sans instruction, elle ne pourra espérer de discussions stimulantes ; de surcroît, elle devra obtenir l'autorisation de son mari pour continuer à lire des livres. La fracture risque donc d'être traumatisante entre son enfance idéale et anti conformiste et son passage dans la réalité quotidienne des femmes.
Une musicienne de banquet se rhabille sous les yeux de
son client - tondo d'une coupe attique à figures rouges
d'Euphronios, v. 490 av. J.‑C., British MuseumPythias a désormais 13 ans. Un événement naturel va la renvoyer à sa condition de femme : elle a ses premières règles mais son père lui promet de ne pas la marier avant ses 18 ans. Le même jour, Aristote recueille un cousin pauvre d'Amphissa, Jason, qu'il surnomme Myrmex (petite fourmi) et pour lequel il délaisse Pythias, obligée progressivement à se tourner vers des activités exclusivement féminines.
Pythias a maintenant 16 ans.
Alexandre le Grand vient de mourir. A cette nouvelle, l'hostilité des Athéniens se cristallisent contre les Macédoniens installés dans leur cité, obligeant Aristote et sa famille à repartir pour la Macédoine où ils s'installent à Chalcis.Mais à la mort de son père, la jeune fille va devoir trouver sa place dans ce monde misogyne qui nie son instruction, son intelligence et ses aspirations. Privée d'une figure d'autorité masculine, Pythias n'a plus aucune protection ni recours, et voit sa vie se déliter peu à peu.
Une prostituée et son client - Détail d'une
œnochoé attique à figures rouges, v. 430 av. J.-C.,
provenance : Locri (Italie)., Altes Museum de BerlinSi j'ai beaucoup aimé la 1ère partie du livre, j'ai ressenti beaucoup de frustration à la lecture des 2è et 3è parties qui sont complètement survolées, donnant l'impression que l'auteure avait hâte d'en finir. C'est dommage car cette partie sur les errements de Pythias et ses tentatives d'émancipation m'intéressaient énormément. Malheureusement, on a l'impression que l'intrigue est inaboutie (pour souligner mon propos, la 1ère partie comporte 120 pages, la deuxième 83 et la dernière 31, donnant un aspect complètement déséquilibré au récit). Je n'ai pas forcément compris l'utilité de certaines scènes, ou alors je les ai trouvées mal intégrées au texte, les rendant invraisemblables. Les épreuves que Pythias subit (les prêtresses d'Artémis, le bordel, le métier de sage-femme) symbolisent son rite de passage de l'adolescence à l'âge adulte mais sont traitées d'une manière tellement expéditive qu'elles n'ont pas réussi à me convaincre. Lors de la maladie de Pythias, quand l'auteure introduit cette touche de fantastique avec l'apparition du dieu sous les traits du bel officier Euphranor, ou fait subir à son héroïne toutes ces épreuves successives, j'ai cru que ces épisodes faisaient parti d'un cauchemar provoqué par la fièvre tant le récit me semblait décousu et peu approfondi.
Figurine représentant une sage-femme et une
femme en train d'accoucher, provenant de Chypre,
début du Ve siècle av.n.è.Du coup, le comportement de certains personnages parait un peu artificiel : par exemple, Myrmex disparaît , ré-apparaît brutalement pour re-disparaître aussitôt sans que l'on en apprenne davantage sur ses motivations (même si l'on a deviné qu'il n'était qu'un voyou indigne de confiance !)...
Par contre, j'ai adoré la manière dont l'auteure distille, au détour d'une phrase, mille et une informations sur le quotidien de ces Grecs de l'Antiquité, sur la place dévolue aux hommes et aux femmes. et qui prennent toute leur saveur pour le lecteur attentif. Rien que la 1ère phrase est riche d'informations : le couteau évoquant les fêtes religieuses qui rythment la vie des Athéniens et le statut des étrangers ; page 56, Annabel Lyon, quand elle évoque le mariage impossible entre Pythias et un Athénien ("Nous resterons des étrangers jusqu’à notre mort, soupire mon père. Pas un Athénien ne voudra d’elle. Elle est née en Macédoine. Elle ne peut pas donner naissance à un citoyen athénien.") fait allusion à la loi de Périclès de 451 qui limite la citoyenneté athénienne à ceux dont les deux parents sont athéniens (alors que la filiation par le père suffisait auparavant). Et le récit fourmille ainsi de petits détails très instructifs, sans que cela ne gâche notre immersion dans Athènes ou à Chalcis. Ajoutez à cela que l'écriture est fluide et les descriptions des lieux ou des sentiments très joliment retranscrits, parfois même poétiquement, rendant notre lecture très agréable.
Pour conclure, la lecture d'Aristote, mon père me laisse un peu sur ma faim : après une 1ère partie prometteuse, j'ai été déçue par le traitement trop rapide de la seconde partie rendant les scènes du récit initiatique de Pythias peu crédibles à mes yeux. Les moyens pour une femme grecque de l'Antiquité de conquérir son indépendance étaient extrêmement limités (au métier de courtisane ou de sage-femme) et auraient mérité d'être plus développés pour mieux comprendre le prix à payer d'une telle liberté. Si bien que la lecture laisse comme un goût d'inachevé... Peut-être qu'une deuxième lecture effacera cette impression mitigée car l'idée de départ m'avait vraiment enthousiasmée !
Appréciation :
Mes autres avis sur la saga : tome 1 ♦
” Il est prévu que nous visitions d’abord la ferme d’Euphranor – il a organisé un déjeuner sur place – puis celle de papa dans l’après-midi. Les terres agricoles d’Eubée semblent tirées d’un rêve : du vert et du doré, une longue allée d’arbres entre des champs sans fin, des coquelicots dans les fossés, des oiseaux sur les branches, des maisons aux formes étranges, agrandies de génération en génération, chacune leur ajoutant une ou deux pièces, embellies de clématites et de treilles de vigne. Des poules dans les cours, des chiens nous pourchassant au long du chemin. Nous entrons dans la propriété d’Euphranor ; un vieillard émerge de l’ombre d’une porte pour nous accueillir. Il n’a plus de dents.
(page 92)Ma 33ème participation au challenge de Lynnae -
Challenge "L'Odyssée grecque" : 12/100
Tags : aristote mon père, annabel lyon, littérature canadienne, XXIème siècle, grèce ancienne, partenariat, livraddict, historique, aristote, la table ronde
-
Commentaires
1Alison MosshartyVendredi 22 Août 2014 à 09:41RépondreAh ah Parthie, quand je l'ai vu dans les partenariats j'étais sûre que tu allais postuler pour cet ouvrage, je ne m'étais pas trompée ^o^ En tout cas c'est bien dommage que tu restes sur ta faim c'est toujours énervant quand on arrive à la fin de l'ouvrage.
@Alison,
c'est normal que Pythias ne te dise rien, car son nom ne nous est parvenu que parce qu'elle est la fille d'Aristote ! c'est surtout sa mère (qui porte le même nom) qui est connue, en tant que nièce du tyran d'un petit royaume, et du fait qu'elle a apparemment assisté son mari Aristote dans certains de ses travaux...
bref, je suis d'accord avec toi, c'est déprimant de penser à toutes ces femmes d'hier et d'aujourd'hui qui doivent subir la domination des hommes et s'y plier...@Missie,
héhéhé, tu commences par me connaître, effectivement !
c'est vrai que c'était agaçant de voir que l'auteure n'était pas allée jusqu'au bout de son idée et n'avait pas approfondi le thème central de son livre... d'autant que c'était la partie qui m'aurait le plus intéressée...
Vous devez être connecté pour commenter