• Une saison à Longbourn de Jo Baker

    Une saison à Longbourn de Jo Baker

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    Fiche détaillée

    Auteur > Jo Baker
    Editeur > Stock
    Collection > La Cosmopolite
    Genre > roman historique, austenerie
    Date de parution > 2013 dans l'édition originale, 2014 dans la présente édition
    Titre original > Longbourn
    Nombre de pages > 389
    Traduction > de l'anglais  par Sophie Hanna

    auteur(sources : Ed.Marshall)

    Jo Baker 

    Jo Baker est née dans le Lancashire. Elle a étudié à Oxford et à la Queen's University, à Belfast. Elle a écrit pour la BBC Radio 4 et a été la directrice artistique du festival littéraire de Belfast entre 2001 et 2003. Une saison à Longbourn est son quatrième roman, le premier publié en France. Elle vit aujourd’hui à Lancaster.  

     

    quatrieme de couverture

    Sur le domaine de Longbourn, vivent Mr et Mrs Bennet et leurs vénérables filles, en âge de se marier.
    À l’étage inférieur veillent les domestiques. Personnages fantomatiques dans le célèbre roman de Jane Austen, Orgueil et préjugés, ils deviennent ici des êtres de chair et de sang qui, du matin au soir, astiquent, frottent, pétrissent et vivent au rythme des exigences et des aventures de leurs bien-aimés patrons. Mais ce que les domestiques font dans la cuisine, sans être observés, pendant qu’Elizabeth et Darcy tombent amoureux à l’étage, relève d’eux seuls… Une histoire d’amour peut en cacher une autre, et qui sait quel secret enfoui risque de ressurgir.

    première phrase

    "Il était impossible de porter des vêtements sans les avoir blanchi que de sortir sans vêtements, en tout cas certainement pas dans le Hertfordshire, et en septembre."

    avis personnel

    Ayant déjà eu une expérience pas très convaincante avec un livre dérivé d'Orgueil et Préjugés intitulé Georgiana Darcy'Diary, j'étais un peu méfiante mais finalement, je n'ai pas pu résister à la proposition de Babelio de découvrir cette nouvelle vision car elle mêlait l'univers d'Austen à celui de Downton Abbey (série que j'adore) ! Et j'ai eu raison de succomber à la tentation car ce fut une lecture délicieuse...

    Ici, l'histoire de Lizzy et de sa famille est racontée à travers le point de vue des domestiques à leur service. Nous suivons plus particulièrement le destin de Sarah, jeune orpheline retirée de l'hospice des indigents à 7 ans par l'intendante des Bennet, Mrs Hill. Douze ans plus tard, Sarah travaille toujours durement pour eux, les jours se suivant aux autres, sans surprise.
    Or, la domesticité des Bennet, composée de Mr et Mrs Hill, Sarah et la très jeune Polly, va voir ses journées bien réglées troublées par l'arrivée du jeune, beau et famélique James Smith, le nouveau palefrenier et cocher.
    Discret, efficace, il éveille l'intérêt de Sarah, la jeune chambrière, qui, vexée par l'indifférence arrogante qu'il lui manifeste, se met à scruter ses moindres faits et gestes, persuadée qu'il ment sur ses précédents emplois et qu'il leur cache quelque chose...

    L'idée de l'auteure d'aborder l'histoire mille fois revisitée d'Orgueil et Préjugés en mettant l'accent sur la vie des domestiques est à la fois très maligne et assez casse-cou, mais elle s'en tire avec brio !
    Elle a su exploiter les particularités des personnages de Jane Austen en les intégrant habilement à la trame de son histoire (ainsi, Sarah, alors qu'elle s'échine à débarrasser les robes de Lizzie de la boue qui les macule regrette que la jeune lady ne soit pas plus soigneuse, faisant référence à son goût pour les longues promenades à travers la campagne, page 16).

    De plus, voir les Bennet à travers les yeux des domestiques modifie sensiblement notre perception d'eux, sur leurs qualités et sur leurs défauts.
    Ainsi, Mrs Bennet et ses filles Lydia ou  Mary, voire même Mr Collins, sont en quelque sorte réhabilités, apparaissant plus touchants que pitoyables.
    Elizabeth et Mr Bennet sont de leur côté quelque peu démythifiés. En effet, même si Lizzie fait preuve de bonté à l'égard de Sarah, allant même jusqu'à lui prêter des romans ou lui donner ses vieilles robes, on ressent toute la distance sociale infranchissable entre elle et sa bonne.

    Jo Baker nous offre une peinture extrêmement réaliste, non seulement des dures conditions de vie des domestiques s'apparentant à un semi-esclavage, mais également de celles des femmes de la gentry, réduites au rôle de poule pondeuse.
    Sarah et Polly sont les premières levées et les dernières couchées, sans connaître un instant de repos. Elles briquent, lavent, blanchissent le linge souillé, pétrissent le pain, vident les pots de chambre, rafistolent les vêtements avec dévouement... Leurs mains sont gercées et abîmées par leurs dures travaux, et leurs habits sont imprégnés d'odeurs peu ragoûtantes.
    Sarah se rebelle intérieurement contre sa condition, rêve d'un ailleurs meilleur, porte un regard de plus en plus critique sur la société fréquentée par les Bennet :

     ... c'étaient les Long, les Lucas, les Goulding, les mêmes voisins de toujours qui franchissaient les portes de Longbourn année après année, dans les maisons desquels les Bennet se rendaient de toute éternité pour jouer à leurs sempiternels jeux de cartes, s'attabler devant les mêmes soupers, participer aux mêmes vieilles danses et porter les mêmes vieilles robes de bal (...) Tous partageaient les mêmes taches de rousseur, rides, mauvaise haleine, cicatrices de varicelle. Les mêmes opinions éculées, les mêmes conversations sur la chasse, les routes, le temps, année après année dans une succession interminable. Comment pouvaient-ils le supporter ? (page 169).


    Quant à Mrs Bennet, à l'instar du célèbre mot de Marie Leczinska «toujours couchée, toujours grosse, toujours accouchée», la pauvre tombe régulièrement enceinte trois mois après chacune de ses couches, celles-ci se révélant de plus en plus éprouvante.

     Mrs Bennet n'eut pas de garçon. A la place, elle eut un incident. (...)  Mrs Hill, surprise par un cri soudain et un jaillissement de sang, accoucha sa maîtresse elle-même. Elle sut avant même de soulever la petite créature dans ses bras, aussi légère qu'un chaton, la peau aussi mince que la peau du lait, qu'il n'avait aucune chance. Il était arrivé bien trop tôt. Elle l'emmaillota et le posa sur la couverture. Sa maîtresse s'effondra en sanglots. Mrs Hill ne la quitta pas lorsque le chirurgien vint s'occuper d'elle, la torturant de ses soins. Elle lui administra ses trois premières gouttes de laudanum, son premier demi-verre de Gilead. Puis elle lui écarta de nouveau les cheveux quand trois mois plus tard, Mrs Bennet vomissait de nouveau, prise de violentes nausées. (page 266).

    On est donc plongés au coeur de l'intimité des maîtres et de leurs domestiques, dans une réalité toute crue dépeinte sans complaisance aucune, et ce fut absolument captivant d'autant que chaque personnage est attachant (à part Wickham, toujours égal à lui-même et proprement imbuvable !)!

     Je remercie encore Babelio et Valentine des éditions Stock pour cette belle découverte qui me réconcilie avec la littérature para-austenienne.
    Enfin une re-écriture intelligente de l'oeuvre de Jane Austen, pour laquelle l'auteure s'appuie sur une solide  documentation pour décrire la vie des domestiques à cette époque.
    Seuls bémols : certains dialogues entre Lizzie et Sarah qui sonnent faux selon moi, ainsi qu'une révélation qui n'avait vraiment  pas toute son utilité...

    Appréciation :

    note : 4 sur 5

    extrait

    page 37 :
    "Sarah plongea dans l'évier la poêle qui avait servi à faire des oeufs et regarda le blanc pâlir et se détacher. Jane se débrouillait bien avec les hommes, avec les gentleman. L'un d'eux lui avait même écrit des poèmes. Comment obtenait-on cela d'un homme ?
    Dans ce genre d'occasion, Jane s'asseyait avec distinction, souriait, écoutait la tête savamment inclinée, répondait poliment lorsqu'on s'adressait à elle, et donnait toujours le sentiment d'être contente de converser et de danser quand on l'invitait. Mais Jane était réellement ravissante, une beauté disait-on - et elle avait affaire à des gentlemen, pas à des hommes. Une fille ordinaire comme elle, songea Sarah, prendrait des risques si elle appliquait ce genre d'approche - elle redressa les épaules, sourit, inclina la tête - à un homme ordinaire. Seuls les gentlemen avaient du temps et le loisir de consacrer de longues heures à vaincre la pudeur d'une femme.
    Sarah baissa les yeux sur ses mains abîmées qui sentaient la graisse, les oignons et le savon de cuisine, puis sur sa robe couleur de bile qui pendouillait. Voilà, ce devait être ça son odeur, où qu'elle aille, quand ce n'était pas pire."

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 23 Mars 2014 à 11:12

    Ah je l'ai reçu il y a peu! oops je compte le lire rapidement, il m'intéresse énormément! je reviendrai lire ton avis une fois que j'aurai fait ma critique! yes

    2
    Dimanche 23 Mars 2014 à 13:04

    Génial ! on pourra comparer nos avis !! je te souhaite une très belle lecture et j'espère que tu aimeras autant que moi... wink2

    3
    Dimanche 23 Mars 2014 à 20:05
    Alison Mossharty
    Je me méfie beaucoup des austenneries. A vrai dire, j'en ai lu aucune à ce jour ! Je ne sais pas laquelle choisir et surtout choisir celle qui me dégouttera le moins (car je sens que je vais être difficile. Je note celle-ci alors, vu qu'elle t'a convaincu. Surtout le concept de voir la famille Bennett à travers les yeux des domestiques éveille mon intérêt !
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    4
    Mardi 25 Mars 2014 à 19:03

    Oui, moi aussi je me méfie beaucoup des austeneries : j'ai trop souvent l'impression que certains auteurs ont trouvé un bon filon pour se faire de la thune tant l'oeuvre et les personnages de Jane Austen sont trahis ! Par contre, ici, on sent que l'auteure a fait un travail de recherche pour coller avec les normes sociales de l'époque et qu'elle respecte son lectorat... Et le fait que les personnages d'O&P n'apparaissent qu'en filigrane évite les impairs ! ^^

    5
    Samedi 29 Mars 2014 à 10:42

    Çà y est j'ai posé ma critique et je peux enfin venir lire la tienne!happy Je suis tout à fait d'accord avec toi ^^et c'est vrai que j'ai j'ai eu plus pitié de certains personnages notamment M. Collins et Mary. Même si j'adore Lizzy, on note cette différence sociale même avec Jane qui est pourtant symbole de douceur et de bonté.
    Mon bémol concerne également une certaine révélation! (je pense que nous pensons à la même et celle-ci ma déçue!frown).
    Néanmoins ce fut une très bonne lecture!

    6
    Mardi 1er Avril 2014 à 10:39

    @MissPendergast,
    viii, je pense également que nous parlons de la même... mais je cours lire ton avis... ^^

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