• Aux Etats-Unis d'Afrique d'Abdourahman A. Waberi

    Aux Etats-Unis d'Afrique d'Abdourahman A. Waberi

     

    Fiche détaillée

     Auteur > Abdourahman A. Waberi
    Editeur > JC Lattès
    Genre > Contemporain, uchronie
    Date de parution > 2006
    Nombre de pages > 233

    auteur

    Abdourahman A. Waberi
     Né en 1965 à Djibouti ville, dans ce qui s'appelait encore la Côte française des Somalis, dans un milieu modeste, Abdourahman A. Waberi a quitté son pays en 1985 afin de poursuivre des études en France, à Caen. Ecrivain et professeur d'anglais, admirateur déclaré du Somalien Nuruddin Farah, auquel il a consacré une thèse, il a publié depuis 1994 une huitaine d'ouvrages. Il est aussi l'un des lauréats 2006 dans la catégorie littérature de la Bourse Berliner Kunstlerprogramm DAAD.

    quatrieme de couverture

    La Fédération des Etats-Unis d’Afrique prospère avec ses centres d’affaires, ses mégalopoles, ses savants et ses artistes réputés, indifférente au sort des millions de réfugiés, pauvres rebus de l’humanité qui se pressent à ses frontières. Les sans-terre, les sans-pain, les sans-espoir fuient la désolée et sanglante Euramérique et viennent s’échouer sur les plages d’Alger ou de Djerba.

    Le chemin qui mène vers cette terre promise africaine, Maya l’a déjà empruntée, il y a bien longtemps. Enfant, elle a été arrachée à la misère et à la faim par un homme providentiel, Docteur Papa, alors en mission humanitaire en Normandie. Il l’adopte et l’emmène à Asmara en Erythrée. Mais même dans ce pays de cocagne, la mort et le malheur peuvent s’abattre.

    Maya doit partir, revenir, retrouver l’Europe et ses maux, se rapprocher des siens. Elle entame un long et douloureux périple loin de la douceur des côtes africaines, vers les terres sombres et désolées qui l’ont vu naître.

    première phrase

    "Il est là, fourbu."

    avis personnel

     Dans ce livre, le monde est inversé : les populations de l'euramérique vivent dans une pauvreté extrême et ne doivent leur survie qu'aux aides humanitaires provenant de l'opulente Afrique. L'auteur africanise nos références économiques, consuméristes et culturelles : McDo devient le McDiop, Nescafé le Neguscafé, la carte AmericanExpress la Carte Fricafric; L'origine du monde est désormais peinte par Gustavio Mbembé, et le sourire de Mona Lisa est remplacé par celui de Mouna Sylla...
    Si les rôles se sont inversés, l'égoïsme et le nombrilisme, eux, règnent toujours parmi les pays dominants, "monde perdu dans la contemplation du dieu Guinée, voué au spectacle et à la consommation" (page 219).
    Je m'attendais à une espèce d'uchronie mais il n'en est rien; l'auteur s'est apparemment beaucoup amusé à rebaptiser les marques, les rues, les oeuvres artistiques mais on a l'impression qu'il ne va pas jusqu'au bout de son idée initiale... Je pensais qu'il allait davantage décrire ce monde ré-inventé !

    De plus, le mode de narration m'a assez déstabilisée au début. Waberi en alterne les types selon le point de vue qu'il adopte :
    Au 1er chapitre, l'auteur s'exprime à la deuxième personne du pluriel (le "vous" de politesse"); on devine que c'est un journaliste africain qui s'adresse à nous pour nous présenter un tableau négatif de l'immigration; ce narrateur, qui paraît un peu bas-du-front, porte sur les réfugiés européens un regard méprisant et rempli de clichés.
    Puis, l'auteur alterne les passages avec la jeune Africaine Maya où il utilse la deuxième personne du singulier et ceux avec "Yacouba" l'immigré helvète, écrits à la troisième personne.

    On pense donc que l'auteur va nous raconter l'histoire de ces deux personnages. Eh bien, non ! Enfin, pas tout à fait...
    Les informations que l'on peut glaner çà et là sur eux sont parcellaires. On sait que "Yacouba" est un surnom qui lui est attribué parce que son nom est imprononçable. Mais on apprend au détour d'une page qu'il s'appelle en réalité Maximilien Geoffrroy de Saint Hilaire ! On ne connaît rien de son passé ni de ses pensées, on le retrouve parfois au coin de la rue où il mendie, on le reconnaît à son bonnet, mais c'est un immigré, un damné de la terre, un fantôme famélique, un être qui passe inaperçu, pourquoi en connaître davantage sur lui ?
    Quant à Maya, on apprend au début que, suite, à la maladie de sa mère, elle se retrouve livrée à elle-même, qu'elle aime peindre et dessiner. A la page 114, on apprend qu'elle est née en Normandie, puis que son ex petit ami Adama Traoré n'accepte pas leur rupture et la harcèle de lettres toutes plus belles les unes que les autres; à partir de la page 181, Maya part à la recherche de ses origines et de sa mère biologique...

    Il n'y a pas d'histoire à proprement parler.
    C'est un peu décousu, fragmenté comme si on suivait les errances de la pensée du narrateur.
    Et pourtant, la lecture passe rapidement, sans ennui, tant la plume de Waberi connaît par moment des fulgurances poétiques !

    Appréciation :

    note : 3 sur 5

    extrait

     page 163 :
    "Seul l'oiseau vit de sa plume, pas les hommes dépourvus de plumage et surtout pas l'artiste qui fait son miel avec des bouts de chandelle et des bouts de ficelle. A quel prix estimer le regard d'un Cameron Quenum peignant au plus près le mystère de la vie, l'oeil à la racine des choses, cumulant les détails les plus intimes pour les brûler ensuite dans le feu sacré de son imagination ? Contre quoi troquer le verbe tonitruant du prêtre vaudou Papa Legba ou la magie compassionnelle du rabbin Haïm Melki s'extasiant devant la plus minuscule créature, la prenant dans ses bras, la choyant tout en marchant d'un pas hardi, faisant sonner sur les dalles ses légers brodequins ? Tu as toujours été du côté du pauvre, du fou, de l'ange, de l'enfant, du bègue, de l'exclu et de l'étranger au costume rayé. Observatrice boulimique, tu fais feu de tout bois et tires ton nectar de toutes les fleurs."

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