• Héros ou couple inoubliable

    Cassie56 nous propose ce rendez-vous hebdomadaire pour parler d’un héros ou d’une héroïne ou d’un couple qui nous a marqué (en alternance d’une semaine sur l’autre), récemment ou de façon plus ancienne et de répondre à 3 questions :

    ♦ Pourquoi cette personne ou ce couple ? ♦
    ♦ Est-ce le personnage (ou le couple) principal ? ♦
    ♦ Quel aspect particulier du personnage ou de la relation vous l’a fait aimer ? ♦

    ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

    Par le dieu des Livres, cela fait 2 ans que je n'ai pas participé à ce rendez-vous ! Honte sur moi... Il aura fallu que je lise la trilogie Prince captif pour avoir envie de dépoussiérer les couples inoubliables, car aujourd'hui, j'ai choisi de mettre à l'honneur le couple Damen d'Akielos et Laurent de Vère, les personnages inventés par C.S. Pacat (en plus, je ne sais même pas si c'est la semaine du couple ou du héros mais OSEF !)!

    [Rendez-vous] Héros ou couple inoubliable (7)
    Laurent et Damen©FlantsyFlan

    Pourquoi ce couple ?

    Parce que je le trouve absolument irrésistible... et que leurs relations,d'abord basées sur la haine et la méfiance, deviennent subtilement ambiguës. jusqu'à nous faire parfois douter des sentiments de Laurent...

    Est-ce le couple principal ?

    Et comment ! Tout tourne autour d'eux, les intrigues de cour, les trahisons, les tentatives d'assassinat... La formation même de leur couple est le fruit d'une manigance mortifère et diabolique...

    Quel aspect particulier de la relation vous a fait aimer ce couple ? 

    L'ambuiguïté de leurs relations, les non-dits, la tension toujours palpable entre eux deux...

    Damen et Laurent sont deux princes de royaumes ennemis, Damen ayant même tué le frère aîné de Laurent en duel lors de la bataille de Marlas six ans plus tôt, ce qui rend leur  rapprochement totalement improbable. Damen, trahi par son demi-frère pour s'emparer du trône, est vendu comme esclave de plaisir au prince Laurent, de sinistre réputation. Il doit cacher à tout prix son identité pour espérer survivre en territoire ennemi. Mais Laurent est un maître cruel qui saisit n'importe quel prétexte pour l'humilier, le maltraiter et le briser... jusqu'à ce que les manigances de son oncle l'obligent à s'allier à son esclave pour contrecarrer ses desseins.

    [Rendez-vous] Héros ou couple inoubliable (7)
    Laurent©Guchay

     Les deux ennemis vont être obligés de se faire confiance. Laurent va progressivement se rendre compte que Damen, prince intègre et loyal, partage les mêmes valeurs morales que son défunt frère. Les deux protagonistes, au contact de l'autre, vont voir leurs préjugés mis à mal et reconsidérer le bien-fondé de certaines de leurs traditions ou coutumes !

    Durant les trois tomes, nous n'aurons que la vision de Damen qui n'éprouve que peu d'estime pour Laurent, qu'il trouve capricieux, cruel, insensible, calculateur, dévoyé... Bref, il a de lui une image bien peu flatteuse, avant se rendre progressivement compte que le prince de Vère vaut peut-être mieux que sa réputation, salie sciemment par le régent qui a besoin de faire passer son neveu pour un héritier dénué de tout honneur et fuyant ses responsabilités de prince.

    Laurent, pour survivre aux noires manigances de son oncle, a dû développer une carapace de dureté et de faux-semblants qui donne de lui une image complètement faussée, sulfureuse. Il semble s'en accommoder, mais le lecteur se rend compte au fil des tomes qu'il est plus vulnérable qu'il n'en a l'air et que certaines critiques le blessent profondément même s'il ne le montre pas...

    [Rendez-vous] Héros ou couple inoubliable (7)
    Damen©LeMaskadra

     

    Damen, comparé à Laurent, peut apparaître comme un personnage fade alors qu'il est le parfait complément du prince vérétien. Il se montre d'une franchise désarmante, ne cachant jamais le fonds de sa pensée même quand cela doit le desservir, ce qui ne cesse de surprendre Laurent, peu habitué à autant de droiture. Je suis persuadée qu'au secret de son coeur Laurent l'admire pour cette faculté, même s'il prend plaisir à le moquer pour sa naïveté et son naturel trop confiant. Damen de son côté ne comprend pas les façons tortueuses de Laurent mais il n'aurait jamais survécu à sa place avec son mode de fonctionnement basé sur un sens de la loyauté et de l'honneur aussi aigu.

    Malgré le caractère indéchiffrable de Laurent, on devine par certaines de ses attitudes qu'il désire Damen au-delà de toute raison (sinon il n'éprouverait pas autant de rage meurtrière à son encontre) . En effet, il tente désespérément de lutter contre ses sentiments presque contre-nature (Damen a tué son frère,) ou tout du moins de les camoufler... Il sait que Damen se meurt d'amour pour lui, ce qui le pousse à le rejeter souvent par des mots cruels afin de mieux museler son sentiment de culpabilité et combattre le désir qu'il éprouve...

    La naissance de leurs sentiments, construits sur une confiance extrêmement fragile, est poignante, et souvent menacée par le passif de leurs deux royaumes et les intrigues de cour... Leurs relations sont vraiment le point fort de la trilogie, de par l'intensité des passages mettant en scène les deux héros et le mystère qui entoure leurs véritables émotions (surtout concernant Laurent, personnage difficile à cerner et très secret)...

    Voilà donc bien un couple inoubliable...

     

     

    Quelques citations pour finir :

    Tome 1 :

    "Ma chère petite brute, répliqua Laurent. Ce que je désire, c’est te laisser pourrir ici." (page 300)

    "[Laurent] avait l’esprit d’un courtisan vérétien, rompu à la tromperie et à la duplicité. "(page 77)

    "- Un Akielonien à genoux... Quel beau symbole commenta Laurent.
    Damen sentit peser sur eux les regards des courtisans, assemblés pour observer la réception de son esclave par le preince. Laurent avait marqué un temps d'arrêt en voyant Damen, et avait blêmi comme s'il venait de recevoir une gifle ou une insulte." (page 31)

    "[Damen] savait ce qu'il devait faire. Luttant contre ses pulsions rebelles, il se força à avancer et à se prosterner devant Laurent.
    - Je combats en votre nom, votre altesse (Il fouilla sa mémoire pour retrouver les paroles de Radel.) Je n'existe que pour plaire à mon prince. Puisse ma victoire exalter votre gloire.
    Il savait qu'il ne devait pas lever les yeux, et s'exprima aussi clairement que possible, dirigeant ses mots vers l'assemblée autant que vers Laurent. Il s'efforça de prendre un air déférent. Epuisé et à genoux, il se dit que cela ne devait pas être trop difficile. Si quelqu'un l'avait frappé à cet instant, il se serait écroulé.
    Laurent tendit légèrement l'une de ses jambes parfaites, présentant à Damen le bout de sa botte.
    - Embrasse-là, ordonna Laurent. (page 70)

    Tome 2 :

    "— Tu ne sais rien, dit alors Laurent d’une voix froide et effroyable. Tu ne sais rien de moi. Ni de mon oncle. Tu es aveugle. Tu ne vois même pas… ce que tu as devant les yeux. (Laurent eut soudain un rire bas et moqueur.) Tu as envie de moi ? Tu es mon esclave ?
    Damen rougit.
    — Ça ne va pas marcher, prévint-il.
    — Tu n’es rien, déclara Laurent, rien d’autre qu’un échec
    ambulant qui s’est laissé enchaîner par le bâtard d’un roi, parce qu’il n’arrivait pas à satisfaire sa maîtresse au lit."

    "Damen se débarrassa de son épée de bois et partit voir Laurent.
    Il marcha dans les broussailles. Laurent ne prit pas la peine de venir à sa rencontre, mais se contenta de l'attendre. Une brise s'était levée. Les pans de la tente claquaient bruyamment.
    - Vous me cherchiez ?
    Laurent ne répondit pas, et Damen ne parvint pas à interpréter son expression.
    - Qu'y-a-t-il ? demanda Damen.
    - Tu es meilleur que moi.
    Damen ne put s'empêcher de lâcher un soupir amusé, ni de balayer lentement Laurent du regard, de la tête aux pieds et des pieds à la tête, ce qui était sans doute un peu insultant. Mais tout de même...
    Laurent rougit. Ses joues s'empourprèrent violemment, et un muscle se crispa le long de sa mâchoire tandis qu'il réprimait une émotion inconnue. Sa réaction surpassait toutes celles que Damen lui avait connues jusque-là, mais il ne put résister à la tentation de le provoquer un peu.
    - Pourquoi ? Vous voulez que nous échangions quelques passes d'armes ? En toute amitié, proposa Damen. " (page 45)

    "- Non, je ne veux pas le savoir. Demain, tu pars. Mais tu es à moi, pour l'instant. Tu es encore mon esclave, ce soir. " (page 339)

    Tome 3 :

    "-Tu me manques, dit Laurent. Nos conversations me manquent."

    "Il avait déjà embrassé Laurent en tant qu'esclave mais jamais sous sa vraie identité, à nu. Et ils ressentirent tous deux la différence."

    "Mon royaume ou ce moment."

     

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    3 commentaires
  • Le Précepteur de Bonnie Dee

    fiche détaillée

    Auteur > Bonnie Dee
    Editeur > MxM Bookmark
    Collection > Mystère
    Genre > romance historico-fantastique, érotisme
    Date de parution > 2016
    Titre original > The Tutor
    Format > AZW
    Poids du fichier > 1227 Kb (226 pages)
    Traduction > de l'anglais (USA)  par Mylène Régnier

    auteur

     - site de l'auteure -

    quatrième de couverture

    Une romance gothique pas comme les autres.

    Des éléments de La Mélodie du bonheur, Jane Eyre et d’émissions de « véritables » chasses aux fantômes rendent cette histoire familière. L’amour entre hommes la rend unique.
    Lorsqu’il tombe sur une annonce proposant un poste sur un domaine du Yorkshire, Graham Cowrie, typographe, décide de changer de carrière et de se faire passer pour un professeur particulier. Ça ne peut pas être bien compliqué de faire cours à deux gamins de neuf ans ! Mais à son arrivée dans le vieux manoir, il trouve les domestiques inquiétants, les jumeaux étranges, et le maître des lieux, veuf, absent.
    Sa première rencontre avec Sir Richard, sombre, sévère mais ô combien attirant, se passe mal, mais puisque personne d’autre ne se bat pour le poste, Graham réussit à le garder. Sa mission se révèle rapidement : abattre les murs de méfiance que père et fils ont érigés et tenter de les réconcilier.
    Mais des sons étranges, des visions et des sensations mettent les nerfs de Graham à rude épreuve, jusqu’à ce qu’il admette que le manoir est hanté par deux entités aux intentions bien différentes. Pour protéger la famille brisée qui détient son cœur, Graham va tenter d’apaiser l’une et de combattre l’autre.

    première phrase

    "La première fois que je vis la silhouette sombre et inquiétante d'Allinson Hall se dresser au loin devant moi, je crus approcher un asile d'aliénés au lieu d'une demeure familiale."

    avis personnel

     Cliquez ci-dessous pour capter mon état d'esprit à la fin de ma lecture :

     Eh oui, lecteurs chéris, j'ai enfin trouvé une romance anglo-saxonne à mon goût !
    Pas de "Jouis pour moi" exigé par un partenaire autoritaire !
    Pas de fessée incongrue tombant dans le récit comme un poil pubien dans la soupe !
    Pas de position sexuelle demandant une souplesse hors du commun proche du "contorsionnisme" (oui, j'invente des mots et alors ? je suis touchée par la grâce ! ^^) !
    Pas d'étroitesse de la femme (en l'occurrence il s'agit ici d'un homme, mais OSEF, d'autant que dans ce cas-là, ce serait justifié ! *calme-toi, Parthenia, calme-toi, tu deviens triviale !!*)

    Je crie, je hurle, je clame ma joie aux quatre vents :

     ♫ Hal-le-lu-jah !
    Hal-le-lu-jah !
    Hallelujah !
    Hallelujah !
    Hal-le-e-e-lu-jah !
    Hal-le-lu-jah !
    Hal-le-lu-jah !
    Hallelujah !
    Hallelujah !
    Hal-le-e-lu-jah !

    Mais assez de chant baroque et revenons à notre roman ! J'ai pratiquement tout adoré ! Oui "presque", mais venant de moi, c'est déjà pas mal, voire pas mal du tout... En plus, l'écriture, de qualité, nous immerge complètement dans cette atmosphère horrifique de manoir hanté et d'esprits malfaisants... Ce livre est clairement un hommage (peut-être un peu parodique ?) aux romans gothiques anglais du XIXème siècle, et l'auteure s'en tire avec les honneurs. J'ai adoré les descriptions lugubres que nous donne Bonnie Dee, non seulement des différentes pièces du château mais également de la domesticité. On ressent toute l'étrangeté inquiétante qui imprègne ces lieux et ses habitants.

    Graham Cowrie, le personnage principal et narrateur de l'histoire, est vraiment attachant, tour à tour insolent, polisson, jovial, spirituel et drôle. Son opportunisme et ses mensonges sont tout à fait compréhensibles vu ses origines et sa détermination à s'élever dans l'échelle sociale, sans rien lui enlever de son empathie. En arrivant à Allinson Hall, le jeune homme est surpris par l'ambiance macabre qui règne dans la grande demeure et par l'étrange disposition des jumeaux Whitney et Clive vis-à-vis de leur père qu'ils semblent rendre responsable de la mort subite de leur mère. Le comportement aussi coupable que tourmenté du sombre et charismatique Sir Richard ne fait que renforcer cette impression. Lavinia Allinson est-elle réellement morte de maladie ? Ou la vérité est-elle moins avouable ? C'est ce que va tenter de découvrir ce professeur loufoque aux méthodes enseignantes très peu conventionnelles tout en essayant de résister à la puissante attraction qu'exerce sur lui le maître des lieux.

    Je dois avouer que j'ai moi-même eu du mal à résister au magnétisme animal de Sir Richard : son apparente indifférence, son esprit torturé et son goût pour l'isolement le rendent très intrigant. J'ai adoré la manière dont Graham le décrivait à chacune de ses trop rares apparitions ! Or, malgré les atouts indéniables du couple improbable formé par le précepteur et son employeur, j'ai déploré que l'auteure amène leur première scène de sexe aussi abruptement alors que jusqu'ici elle avait  pris le temps de décrire le manoir, ses habitants et les états d'âme du héros, nous immergeant dans l'ambiance mélancolique des lieux.

    J'aurais bien aimé également qu'elle développe davantage la psychologie des membres du personnel dont les interventions se réduisent au strict minimum, car ils avaient à la base beaucoup de potentiel pour ajouter de la tension dramatique au récit.

     Concernant l'aspect fantastique, si j'ai été conquise par les éléments surnaturels du début et milieu du livre, décrits de manière très évocatrice et angoissante, mais également parcellaire nous poussant à nous interroger sur leur réalité, le héros ayant une imagination débordante, j'ai été moins convaincue par la conclusion qui est justement un peu trop surnaturelle, c'est-à-dire que l'on passe de passages subtilement suggérés à une scène d'exorcisme brutalement amenée, frôlant même le ridicule par des dialogues un peu too much. Autant vous dire que cela m'a fait tiquer  !

     Pour conclure, une histoire qui m'a captivée même si elle aurait gagné à être davantage développée au niveau des personnages secondaires et du traitement des éléments surnaturels, car la progression narrative  est de ce fait un peu déséquilibrée. Mais je n'ai pas boudé mon plaisir, tant sur le plan des descriptions gothiques du récit que de la romance entre Graham et Richard ou du rapprochement entre le précepteur et les enfants. En outre, la qualité de l'écriture est bien supérieure à ce que j'ai pu lire des romances anglo-saxonnes jusque là, et ça, ça n'a pas de prix !!!

     

     Allez dans la paix, frères lecteurs !

     Appréciation :

    note : 4 sur 5

    extrait

     Alors que je me félicitais pour avoir été capable de les amadouer et de les avoir sortis de leur coquille, les jumeaux se figèrent subitement sur place. Le souffle court et le visage rouge, ils regardaient quelque chose derrière moi. Je me tournai pour voir ce qui avait attiré leur attention, et mon propre corps se raidit également.
    Une silhouette sortie tout droit d'un roman gothique se rapprochait, marchant à grands pas, comme une vision cauchemardesque. Grand, avec de larges épaules, portant un pardessus noir et des bottes à hauteur de genoux, l'homme aurait très bien pu jouer le rôle du méchant fourbe d'une opérette. Alors qu'il avançait de plus en plus et que j'étudiais les traits durs de son beau visage, je changeai d'avis. Il ressemblait plutôt au personnage central de l'histoire, un homme taciturne embourbé dans la tristesse de sa vie, et qui attendait simplement que l'héroïne le guide vers la lumière avec son amour. Je soupirai.
    (9%)

    divers

    Challenge "ABC 2016 - Littératures de l'imaginaire..." de Mariejuliet

    Ma 8ème participation au challenge de Mariejuliet.

    Ma 5è participation au challenge de Ichmagbücher - (fantastique gay)

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  • Le Roi C.S. Pacat - Prince captif, tome 3

    fiche détaillée

    Auteur > C.S. Pacat
    Editeur > Milady
    Collection > Romans
    Genre > érotisme, fantasy
    Date de parution > 2016
    Titre original > Kings Rising
    Nombre de pages > 409
    Traduction > de l'anglais (Australie)  par Mathias Lefort

    auteur

    C.S. Pacat
    C.S. Pacatest un écrivain originaire de Melbourne. Sa 1ère saga, la trilogie Prince Captif, a vu le jour sur le net. Suite à son succès, elle a été auto-publiée en 2013, puis acquise par l'éditeur Penguin avant d'être publiée à travers le monde en 2015.
    L'auteure a beaucoup voyagé et vécu dans des villes aussi diverses que Tokyo au Japon et Pérouse en Italie. Elle s'est installée récemment en Australie où elle écrit actuellement le 3ème tome de la trilogie Prince Captif.
    site de l'auteure -

    quatrième de couverture

    Deux princes, une seule guerre.

    La vérité a été révélée, et Damen, l’esclave du prince Laurent, doit faire place à Damianos, prince héritier d’Akielos, l’homme que Laurent a juré de tuer.
    L’avenir de deux royaumes est en jeu. Cernés par l’armée de Kastor au sud et les forces du régent au nord, Damen et Laurent n’ont d’autre choix que s’allier pour reconquérir leurs trônes respectifs. Mais même si la fragile confiance qu’ils partagent résiste à la révélation de la véritable identité de Damen, celle-ci suffira-t-elle pour venir à bout de la dernière et plus impitoyable manigance du régent ?

    première phrase

    "- Damianos !
    Damen se tenait au pied des marches de l'estrade alors que son nom montait en exclamations choquées et incrédules de la foule amassée dans la cour."

    avis personnel

    Sortie en VO le 2 février, prévue en VF le 22 avril, la publication de la VF avait été finalement reportée au 8 juillet (et la livraison des précommandes au 18 juillet). Je l'avais précommandé dès février mais ai eu la chance de le recevoir en temps et en heure. Cinq longs mois avant de tenir ce 3è tome entre les mains, je n'en pouvais plus d'attendre... tellement que j'en ai oublié ma LC prévue avec Cassie et me suis précipitée sur le livre pour l'engloutir en quelques heures ! Je suis la pire binômette au monde qui soit !!!

    Pour en revenir à ce tome 3, je l'attendais donc comme le messie, en espérant secrètement que ce soit un coup de cœur pour clore magnifiquement cette trilogie. Dans le même temps, je tentais de ne pas y mettre des attentes trop fortes afin de me préserver d'une éventuelle déception, mais je ne m'attendais pas à ce que la déconvenue soit aussi profonde. Car oui,  j'ai été cruellement déçue par Le Roi !

    La lecture des trois quarts du livre a pourtant été fort agréable, malgré quelques petites maladresses que j'expliquerai plus loin, avec des passages plutôt intenses au moment des rares - mais ô combien précieux - face-à-face du couple ennemi.
    Mais tout se gâte à partir des 100 dernières pages où l'on assiste à une succession ininterrompue de coups de théâtre, donnant un côté factice à l'intrigue. Les ressorts narratifs cèdent, à partir de ce moment, un peu trop à la facilité, frôlant souvent le ridicule ! Vous allez me trouver dure mais j'avais l'impression de regarder le pastiche d'un soap opera tant certains rebondissements me semblaient tirés par les cheveux !  Bref, je suis surprise par cette baisse de qualité alors que l'auteure nous avait habitués à une maîtrise jubilatoire des intrigues de cour et manipulations en tout genre. J'ai le sentiment que C.S. Pacat a manqué de temps pour travailler correctement cette dernière partie.

    /!\Attention spoiler/!\ ♦ J'ai trouvé assez artificielle la manière dont les motivations de Jokaste sont percées à jour par Laurent, ainsi que sa tentative de faire croire à une paternité à Damen
    ♦ je n'ai pas du tout trouvé crédible le fait que le Régent relâche aussi facilement Damen, son plus redoutable adversaire, alors qu'il le tenait à merci et pouvait mettre fin à cette guerre en le faisant immédiatement exécuter. Cette décision magnanime, venant d'un personnage aussi intelligent et retors que lui est juste d'une incohérence incroyable
    ♦ et que dire du procès qui alimente une tension mélodramatique bien peu crédible ainsi qu'un faux suspens : je n'en pouvais plus de voir défiler tous ces faux/vrais témoins, surgis de nulle part pour sortir les deux héros de la situation inextricable dans laquelle les avait jetés l'auteure, et ce, d'une manière un peu trop invraisemblable  
     /!\Fin du spoiler/!\

    Alors bien sûr, les têtes-à-têtes entre Laurent et Damen sont toujours aussi intenses et bouleversants mais ils ont été finalement complètement gâchés par les choix narratifs de l'auteure dans le dernier quart du livre ! Et c'est vraiment dommage, car la première moitié du roman m'avait totalement emballée malgré quelques défauts (comme l'amorce de la première scène d'amour un peu surjouée à mes yeux, ou l'enchaînement parfois peu naturel de certaines scènes...) !

    Autre point négatif : les dialogues ;  j'avais parfois du mal à deviner quel personnage parlait (d'autant qu'à un moment s'est glissée une coquille : page 147, le prénom de Damen est utilisé à la place de celui de Jord. Je ne sais pas si cette erreur est due à la traduction ou existait déjà dans le manuscrit original).

    Bref, malgré ma déception, je ne retiendrai que les tomes 1 et 2 (et la première moitié de ce tome 3) qui ont réussi à me transporter littéralement et à me faire passer par toute une gamme d'émotions. J'ai apprécié le fait que l'auteure nous fasse confiance en ne nous décrivant pas forcément de manière évidente ce que ressentent les deux protagonistes mais en nous le laissant deviner. Je pense par exemple au tome 2, quand Damen et Laurent se font attaquer par un éclaireur akielonien et qu'ils tentent d'échapper au reste de l'armée. Laurent se trouve en retrait et observe Damen, tenté de rejoindre les siens. Et finalement Damen reste fidèle à sa promesse malgré la tentation de s'échapper. Ou alors à la scène du duel du tome 3 où on ne sait plus si Laurent se livre à un entraînement ou profite de cet exercice pour déverser toute sa rage culpabilisante,  voulant faire payer à Damen la mort de son frère et les sentiments qu'il éprouve pour le tueur de prince.
    Je trouve ce genre de scènes plus fortes que si l'auteure nous mâchait tout le travail... Et même si les dernières 100 pages du tome 3 m'ont laissé une impression franchement désastreuse, j'ai retrouvé un peu de ces fulgurances au début du Roi , avec les non-dits entre Damen et Laurent, qui nous obligent à deviner leurs pensées profondes et leurs motivations... Dommage que le soin apporté auparavant par l'auteure à ce genre de détails ait fait défaut vers la fin, donnant l'impression d'assister à une surenchère de plus en plus ridicule de coups de théâtre dont les effets sont un peu trop appuyés ! En outre, le dénouement arrive trop abruptement. J'espère simplement que l'auteure n'a pas cédé à des pressions de sa maison d'édition pour qu'elle finisse le dernier tome de sa trilogie le plus rapidement possible... Je suis sûre que 100 pages en plus pour développer correctement et d'une manière plus cohérente les multiples rebondissements concentrés lors du procès auraient pu diamétralement modifier mon ressenti final... Dire que pendant 300 pages, j'ai cru m'acheminer vers le coup de cœur...

    Malgré ma déception, cette trilogie n'en restera pas moins une merveilleuse découverte !

    J'en finis avec un message personnel à ma binômette Cassie : j'espère que tu n'es pas en train de traîner dans les parages avant d'avoir lu ce dernier tome et rédigé ton article car je serais désespérée que ma chronique mitigée influence négativement ta lecture en te la gâchant !!   

     

    Appréciation :

    note : 2 sur 5

     Mes autres avis sur la saga : tome 1 ♦ tome 2 ♦ tome 3 ♦ [saga terminée]
    ♥ Mon couple inoubliable
    Mon Pinterest dédié à la saga ♣

    extrait

    - Vous ne trahiriez pas une promesse, affirma Damen, s'efforçant d'oublier la douleur dans sa poitrine. Même envers moi.
    Il dut se contraindre à s'écarter. La tente étant spacieuse, il put respecter entre eux une distance de quatre pas.
    Laurent ne répondit pas. Il avait toujours la main appuyée contre son épaule, ses doigts dégoulinant de sang.
    -Même envers toi ? remit-il en cause.
    Damen se força à poser les yeux sur Laurent. La vérité occupait une place bien douloureuse dans son cœur. Il repensa à la seule nuit qu'ils avaient passée ensemble. Il repensa à la façon dont Laurent s'était offert à lui, le regard voilé et l'âme exposée, puis au régent, qui savait comment briser les hommes.
    Dehors, deux armées étaient prêtes au combat. Le moment était venu, et il ne savait pas comment empêcher la suite des événements. Il se rappela le conseil lancinant du régent : «Couche avec mon neveu.» C'était ce qu'il avait fait. Il l'avait courtisé, et obtenu ce qu'il voulait.
    Le régent, il le comprenait désormais, se moquait de Charcy, qui n'avait jamais eu la moindre importance pour lui. La seule arme qu'il avait jamais maniée contre son neveu avait toujours été Damen lui-même.
    - Je suis venu te dire qui je suis.
    (page 69)

    diversChallenge "ABC 2016 - Littératures de l'imaginaire..." de Mariejuliet

    Ma 7ème participation au challenge de Mariejuliet.

    Ma 4è participation au challenge de Ichmagbücher - (fantasy gay)

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  • La Reine de la Folie de Sébastien Thréhout - La Table des Immortels, tome 1

    Merci à

    Livraddict

    et à 

    La Reine de la Folie de Sébastien Thréhout - La Table des Immortels

    pour ce partenariat !

    fiche détaillée

    Auteur > Sébastien Thréhout
    Editeur > Nestiveqnen
    Collection >  Fractales/Fantasy
    Genre > fantasy
    Date de parution > 2014
    Nombre de pages > 372

    auteur
    (sources : Nestiveqnen éditions )


    Rôliste, fan de littérature, quand Sébastien Thréhout a commencé à écrire, c’est tout simplement dans son domaine de prédilection qu’il l’a fait : la fantasy.
    Sa fantasy lui est très personnelle : elle est à la fois puissante, riche en évocations et il ne se prive jamais de rendre la réalité crue et violente, ce qui le classe dans la branche très prisée des auteurs de « dark fantasy ».
    Il vit aujourd’hui dans la région de Nice.

     

    quatrième de couverture

    L’Immortel Oboss, père de la magie et du mensonge, œuvre en secret depuis des siècles afin de détruire la Table des Immortels, cette relique honnie sur laquelle est gravé le nom de chaque Immortel et qui les prive d’une partie de leurs pouvoirs et protège les humains.
    Tandis qu’il avance ses pions, son ennemi, l’ordre Sadourak et ses chevaliers dont l’armure a fusionné avec leur chair, perd chaque année de son influence et de son pouvoir.
    Mais d’autres forces s’éveillent et alors que le monde d’Ern retient son souffle, la Reine de la Folie, l’Immortelle Sanne, envoie les ancêtres corrompus hanter la terre des hommes en vue de préparer le retour de son frère Oboss.

    première phrase

    "L'hiver glace les terres et le cœur des hommes."

    avis personnel

     C'est la couverture, très belle, distillant une atmosphère sombre et déliquescente proche de la folie, qui avait retenu mon attention, et le résumé de l'éditeur avait achevé de me convaincre.

    Prise par d'autres engagements et par mon travail, j'ai commencé ma lecture tardivement avec la crainte de dépasser le délai imparti mais je l'ai finalement lu en trois jours, fascinée par l'univers inventé par Sébastien Thréhout.

    L'histoire se déroule dans le monde d'Ern, 1200 ans après l'écriture de la Table des Immortels, qui a emprisonné une partie de leurs pouvoirs en son sein afin d'en protéger les hommes, ainsi que la création de l'ordre chevaleresque Sadourak qui tente d'empêcher les tentatives de réincarnation d'Oboss, le Maître des Mensonges.

    Dans le même temps, une conspiration, visant à destituer le haut-roi, se noue entre des protagonistes aux situations et visées opposées.

    Chaque chapitre est présenté à travers le point de vue d'un des personnages, et je dois dire qu'au début, vu la multitude des protagonistes, des lieux et des situations, j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver. Encore heureux qu'une carte, présente en début d'ouvrage, me permettait de situer les actions, m'aidant ainsi à m'ancrer dans le récit. Puis, après un temps d'adaptation, je me suis sentie complètement happée par les différentes intrigues et j'ai littéralement dévoré le livre.

    La Reine de la Folie de Sébastien Thréhout - La Table des Immortels, tome 1

    J'ai vu que certains lecteurs reprochaient à l'auteur de s'être trop librement inspiré de G.R.R. Martin. Personnellement, cela ne m'a pas du tout gênée, surtout que Martin s'est lui-même beaucoup inspiré de personnages, de lieux et d'événements historiques largement reconnaissables (ainsi que d'auteurs comme Maurice Druon pour son goût des intrigues de cour), et que Sébastien Thréhout de son côté a su créer un univers qui lui est vraiment propre. En outre, son écriture est très belle, très évocatrice, nous immergeant complètement dans ce monde de magie et de fantasy. J'ai trouvé certaines descriptions vraiment saisissantes, j'ai même éprouvé de l'admiration face à sa faculté à rendre certains passages aussi visuels. Certaines scènes (par exemple celle avec la consécration du Sakt, ou la rencontre entre Oboss et son frère Sakrajka, ou encore le choix des bouffons) m'ont vraiment marquée.

    J'ai également beaucoup aimé le bestiaire et les différents niveaux de magie. Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte mais je peux vous assurer que l'auteur a construit un univers solide et cohérent. Au début, on a surtout la vision des humains sur le rôle dévoyé des Immortels qui apparaissent comme des ennemis implacables (enfin surtout selon le point de vue l'ordre Sadourak dont la position me semble assez proche du fanatisme, ou du moins d'un certain sectarisme) mais ensuite certaines informations distillées de-ci de-là nous font nous perdre en conjectures sur leur véritable volonté de nuisance... En tout cas, on sent que quelque chose se prépare, que quelqu'un tire les ficelles, utilisant pour ce faire les passions des hommes !

    Concernant les personnages, ils ont tous peu ou prou quelque chose d'attachant (ou du moins intriguant pour les plus antipathiques), même si j'ai une petite préférence pour Deïal, dont la destinée est bien cruelle, et Baldir...

    Pour conclure, une lecture prenante et captivante. J'ai complètement adhéré à l'univers riche et complexe proposé par l'auteur, tellement même que je n'ai pas pu m'empêcher de commander le tome 2 avant même la fin de cette chronique !

    Je remercie  Livraddict et les éditions NestiveQnen pour ce partenariat.

    Appréciation :

    note : 5 sur 5

    Mes autres avis sur la saga : tome 1 ♦ tome 2 ♦ tome 3 ♦ 

    extrait

    Il y avait moins de deux semaines que son mentor avait ajusté les différentes parties de l'armure de fer-prié à même sa peau. Deïal se souvenait de la première brûlure du métal gris quand il avait mordu sa chair. Quelques heures plus tard, seule sa tête émergeait de cette carapace métallique qui recouvrait tout son corps. Les Pra lui avaient alors rasé les cheveux et avaient tracé douloureusement les runes de puissance sur son crâne et son visage à l'aide d'une lame purifiée, allant jusqu'à gratter l'os par endroits. Deïal s'était juré de ne pas crier et avait tenu bon jusqu'à la fin d l'opération. La suite fut une véritable torture et, plusieurs fois, il s'évanouit. Les mystiques s'étaient mis en lévitation et avaient contacté le vide pour canaliser l'énergie primaire et la déverser en lui. Leurs esprits aveint créé un canal entre les confins de la Création - le vide - et son armure. Le Sakt avait alors coulé dans le fer-prié pour le nourrir afin qu'il s'ancre encore plus profondément en lui comme une plante qui prend racine. Deïal s'était mordu les lèvres et avait senti le goût du sang dans sa bouche avant de perdre connaissance. Son organisme s'était gorgé du pouvoir du vide alors que son esprit hurlait à l'intérieur, prisonnier de cette souffrance qui semblait ne plus jamais vouloir le quitter.
    (page 40)

    divers

    Challenge "ABC 2016 - Littératures de l'imaginaire..." de Mariejuliet

    Ma 6ème participation au challenge de Mariejuliet.

    La Reine de la Folie de Sébastien Thréhout - La Table des Immortels

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    2 commentaires
  • Le royaume inachevé des ducs de Bourgogne (XIVe-XVe siècles) d'Elodie Lecuppre-Desjardin

    Merci à

    Bestiarius, tome 1 de Masumi Kakizaki

    et aux éditions

    Le Royaume inachevé des ducs de Bourgogne (XIVe-XVe siècles) d'Elodie Lecuppre-Desjardin
     

    pour ce partenariat !

    fiche détaillée

    Auteur > Elodie Lecuppre-Desjardin
    Editeur > Belin
    Collection >  Histoire
    Genre > essai historique
    Date de parution > 2016
    Nombre de pages > 430

    auteur(sources : éditions Belin)


    Élodie Lecuppre-Desjardin est professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lille 3. Spécialiste de l'histoire politique et culturelle bourguignonne, elle est également connue pour ses travaux sur l'histoire des villes des anciens Pays-Bas. Elle a notamment collaboré à La Dérision au Moyen Age, sous la direction d'Elisabeth Crouzet-Pavan

     

    quatrième de couverture

    Le 25 janvier 1474, Charles le Téméraire, dernier des ducs Valois de Bourgogne, revêtu d'or et de pierreries, portant un couvre-chef similaire à une couronne fermée, s'adresse à son peuple en évoquant de manière sibylline ses rêves de grandeur et sa volonté d'élever ses territoires en royaume. La Grande Principauté de Bourgogne qui, du milieu du XIVe à la fin du XVe siècle, s'est progressivement étirée des brumes de la Zélande aux vignes du Mâconnais, offre un laboratoire d'analyse politique exceptionnel permettant de disséquer la nature du pouvoir à la fin du Moyen Âge.
    Préférant le feuilletage à la narration linéaire des faits, Élodie Lecuppre-Desjardin propose ici une relecture ample et originale de cette aventure politique qui fit des ducs de Bourgogne les princes les plus puissants de leur temps, avant que la débâcle nancéenne n'arrête brutalement les ambitions du Téméraire. Cet ouvrage saisit les forces motrices d'une société composite et fait l'histoire non pas d'une perfection croissante, mais des cheminements qui peuvent mener à la construction d'un Bien Commun.
    Dans cette œuvre magistrale, Élodie Lecuppre-Desjardin nous entraîne au cœur d'un univers médiéval passionnant où se pose avec une étonnante actualité la question du sens des communautés, de la nature des loyautés et de la reconnaissance d'une autorité suprême.

    avis personnel

    Je ne répéterai pas la quatrième de couverture mais j'apporterai une précision aux futurs lecteurs : cet ouvrage fait référence à de nombreux événements qui ne sont pas expliqués. Selon moi, il est préférable d'avoir certaines connaissances pour apprécier la démonstration de l'auteure, même si ce n'est pas fondamentalement indispensable et que le non spécialiste y trouvera tout de même son compte.

    Personnellement, j'ai beaucoup apprécié ma lecture. Je connaissais surtout les premiers ducs de Bourgogne et leurs actions, or, ce livre, même s'il reprend la genèse de leurs actes, s'attarde davantage sur Charles le Téméraire, le dernier duc de Bourgogne et les raisons de son échec à hisser sa principauté au même rang qu'un royaume de France ou un Saint Empire romain germanique auxquels il était inféodé.

     L(es) Etat(s) bourguignon(s) forment une mosaïque de terres et de pouvoirs, fragmentées à travers l'espace, avec au nord les Flandres, l'Artois, la Picardie, la Hollande, la Zélande, etc, et au sud le duché et le comté de Bourgogne, le comté de Charolais, etc. Comme on le voit, ces deux ensembles territoriaux ne formaient pas un bloc géographique d'un même tenant, et possédaient des coutumes et langues différentes. Qu'a-t-il donc manqué aux ducs de Bourgogne pour transformer leurs possessions territoriales en un Etat centralisé digne des royaumes voisins ?

    Élodie Lecuppre-Desjardin tente de répondre à cette question en développant les moyens que ces princes avaient à leurs dispositions et les limites d'une telle politique.

    Tout d'abord, le premier acte de communication politique passe par l'étalage du luxe : on exhibe sa supériorité par le faste, notamment lors des mariages princiers. La propagande artistique joue également un rôle important, qui permet de glorifier le prince à travers ses ancêtres et leurs actions (peinture, littérature...). On n'hésite pas à utiliser la rumeur (par exemple l'empoisonnement) pour discréditer un adversaire (notamment le roi de France). En 1430, à l'occasion de son mariage, Philippe le Bon crée le prestigieux ordre de chevalerie de la Toison d'or. La majesté bourguignonne s'exprime également à travers l'idéal de croisade (qui avait un poids important à l'époque) ou encore l'utilisation de la formule "par la grâce de Dieu" dans les lettres.

     Depuis la cour, la Vauderie d'Arras est une guerre à mener contre les ennemis de la foi, dans un esprit de croisade qui anime sincèrement des nobles dont la culture chevaleresque, toujours bien vivante et parfois déconnectée de la réalité, guide les moindres faits et gestes.
    (page 118)

    Indubitablement, les ducs de Bourgogne étaient des princes extrêmement puissants, non seulement sur le plan militaire mais également sur le plan territorial et leur faculté à lever des subsides. Que leur a-t-il donc manqué pour unifier leurs peuples et leurs territoires en un seul royaume ?

    Tout d'abord, ce qui avait fait leur réussite (annexions territoriales facilitées par leurs promesses de respecter coutumes et privilèges) va devenir leur faiblesse. Les villes du nord se sont souvent révoltées contre les ducs de Bourgogne pour préserver leurs intérêts économiques, et n'ont donc pas adhéré à leur volte-face politique contre les Anglais qui étaient leurs premiers clients (néanmoins, ces villes ont payé moults impôts pour les guerres du Téméraire). En outre, les ducs ont souvent adopté un comportement ambivalent quant à leurs liens féodaux : les peuples du sud de la principauté,  très attachés au roi de France, désavouaient les trahisons successives des ducs de Bourgogne vis-à-vis de son seigneur français (qui de son côté encourageait les clans francophiles à le rejoindre).

     Les ambitions du Téméraire impliquent des choix qui ne conviennent pas à une noblesse respectueuse d'un ordre féodal dominé par le roi, où chacun doit recevoir selon son rang et protéger avant toute chose son patrimoine synonyme de puissance et d'honneur pour le lignage.
    (page 90)

    L'autoritarisme et la dureté de Charles le Téméraire ont entraîné beaucoup de défections parmi sa noblesse au profit de son ennemi Louis XI. De plus, les ducs de Bourgogne ont manqué de cohérence et d'intelligence politique (ils clamaient vouloir supprimer l'impôt dans le royaume de France mais refusaient de l'appliquer dans leurs états). Ajoutez à cela que Charles le Téméraire, malgré sa valeur militaire, multiplie les erreurs stratégiques le conduisant de défaites en défaites puis à sa mort...

      Parmi ces hommes accusés, châtiés, en fuite, parfois graciés, pardonnés, ou définitivement bannis, on trouvera bien évidemment la figure du parvenu, sur laquelle les chroniqueurs de l'époque ont beau jeu de faire couler l'encre de leur acrimonie.
    (page 62)

    Les ducs de Bourgogne ont donc échoué à rassembler leurs peuples  derrière une capitale, une langue unique, un roi et un nom. Leur ont manqué un ennemi commun  qui aurait provoqué l'émergence d'une conscience "nationale" en les aidant à construire un Etat politique, tandis qu'à l'extérieur, l'empereur romain germanique surnommait le dernier duc de Bourgogne le Grand Turc d'Occident...

    Je remercie les éditions Belin ainsi que Babelio pour ce partenariat ! La lecture de l'ouvrage a été très agréable et instructive, la plume de l'auteure, soutenue mais n'hésitant pas à égrener quelques notes d'humour n'y étant pas étrangère.

     ...lorsque Charles, à Saint-Omer, le 15 juillet 1470, accueille les ambassadeurs français du haut des cinq marches de son estrade, sous un dais digne d'un empereur, en les saluant à peine, et rétorque à leur proposition de paix que les Portugais ont coutume de vouer leurs ennemis aux «cent mille diables d'enfer», la cour, présente en grand apparat, s'offusque «pour ce qu'il y avoit de mauvais agoust pour commander tacitement un roy de France à tous les cent mille diables.»
    (page 91)

    Appréciation :

    note : 4 sur 5

     

    divers

    Challenge Histoire

    Ma 63ème participation au challenge de Lynnae -

     Challenge Moyen Âge

    Ma 13ème participation au challenge d'Hérisson -

    Le Royaume inachevé des ducs de Bourgogne (XIVe-XVe siècles) d'Elodie Lecuppre-Desjardin
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